Peux-tu nous expliquer le principe d’une maison intergénérationnelle ?
Chacun a son appartement dans l’appartement. Ma chambre fait 25m2 sur 200m2 environ, que l’on se partage à plusieurs. Ce qui fonctionne bien c’est que l’on a notre propre salle de bain, toilette et chambre. Après, on partage la cuisine, là où on se réunit tous. D’autres logements, ici, ont tout dans leur appartement. Ils on a un lieu commun avec la buanderie qu’ils peuvent aussi partager s’ils le veulent. L’intergénérationnel c’est quatre générations, même cinq avec les enfants, avec une mère célibataire et ses deux enfants, une jeune étudiante, un jeune actif et une personne âgée.
Chacun apporte aux autres et est dans une démarche de partage. C’est comme une coloc, on essaie de briser la glace dès le début, pour que tout le monde puisse se sentir chez soi. On fait un repas et c’est parti. Rapidement, on devient comme une famille. Dès que tout le monde est là, les anciens racontent leurs histoires. J’ai tellement à apprendre d’eux. Gerard par exemple, c’est un globetrotteur des années folles, qui a ensuite été professeur d’anglais. Alors ici, il donne parfois des cours d’anglais aux jeunes qui en sont friands. Chacun apporte et partage son petit savoir-faire. Là-bas au-dessus, il y a Carl qui est champion de Paris de Karaté. Pendant le confinement il a donné des cours de karaté dans la cours, c’était incroyable.
Quel est l’un de tes souvenirs les plus forts ?
Un couple devait se marier et à cause du confinement ça a été compliqué, beaucoup de pressions et de travail à ce moment-là. Alors on leur a dit, « On vous organise votre mariage », avec tous ceux qui voulaient participer. Puisqu’on était confiné ensemble, on pouvait se retrouver. On a fait une fête improbable, à danser jusqu’au bout de la nuit, à faire des paquitos improvisés. Gérard qui a 80 ans nous a dit « Allez, j’y vais aussi », il a fait un paquito et a rajouté « Je le fais pour vous les jeunes, parce que vous m’acceptez dans votre groupe ». On lui a dit évidemment, tu fais partie du groupe. On a tous bien ri. Pour eux c’est des moments de vie, comme pour nous. Jamais je n’aurais pensé vivre ça.
Qu’est-ce que tout cela t’apporte ?
Ce sont des moments simples que l’on vit ici. Parfois, tu rentres, après une longue journée de travail, et tu as besoin de ça, il y a quelqu’un dans la cuisine qui est là. Alors on discute et tout va tout de suite mieux.
On se connaît tous, tout le monde joue le jeu. Certains sont un peu moins présents selon les situations. Chaque résident qui est partie de la maison revient avec plaisir, et on est heureux de les revoir et de repasser des moments ensemble.